Carol Phillips et la création de Clinique
« Carol a accepté. »
Ces trois mots simples représentent le début d’une révolution dans l’univers de la beauté, qui demeure aussi révolutionnaire aujourd’hui que lorsque le message a été reçu en 1967.
« J’étais à Paris à ce moment », se rappelle M. Leonard Lauder. De retour à New York, une idée était en train de germer et Lauder, qui portait alors les deux chapeaux de directeur général et de fils d’Estée Lauder (« Je l’appelais madame Lauder au travail et Maman à la maison », affirme-t-il), attendait nerveusement la réponse d’une autre femme qui, selon lui, pouvait faire pointer l’entreprise vers une nouvelle direction.
La genèse
Il est possible de créer une belle peau.
L'article, qui combinait un mélange éducatif, d'humour et une introduction aux trois étapes novatrices, a fait des vagues dans toute l'industrie de la beauté, y compris dans les bureaux d'Estée Lauder de la cinquième avenue. À cette époque, Leonard Lauder désirait aller au-delà de la gamme éponyme de sa mère et créer une entreprise à plusieurs marques. Il désirait que sa nouvelle entreprise soit moderne, inventive et attirante pour une clientèle plus jeune qui posait plus de questions et exigeait plus de résultats. M. Lauder a réalisé que Carol Phillips s’adressait à ce public.
Quand M. Lauder a présenté Phillips à Estée, un lien de parenté s’est immédiatement installé (elles aimaient toutes deux exprimer leur pensée). Estée a également trouvé que l'idée de créer une nouvelle gamme de produits de beauté audacieuse, rafraîchissante et différente, qui offrirait aux femmes des renseignements honnêtes, était irrésistible.
Pour confirmer le partenariat, M. Lauder à demandé à Bob Nielsen, alors directeur général des ventes d’Estée Lauder, d’aller dîner avec Phillips pour discuter davantage de l’idée. Il n’était pas certain que Phillips adopterait ce plan; après tout, elle était une éditrice de Vogue, extrêmement éblouissante et puissante à son propre compte. Avait-elle réellement besoin de démarrer une entreprise de beauté? « J’ai dit à Bob que je ne voulais pas qu’elle refuse mon offre », se rappelle M. Lauder.
À l’époque avant que les courriels et avant même que les appels téléphoniques internationaux ou les télécopies deviennent la norme, le câblogramme servait d’appareil de communications interurbaines de base, particulièrement à l’étranger. C’est donc ainsi que M. Lauder a reçu la bonne nouvelle alors qu’il se trouvait à Paris. Il se rappelle que Bob Nielsen avait transféré seulement trois mots simples : « Carol a accepté. »
Le lancement
La science
L’expérience
Le grand saut
Les rebelles
Le système en 3 étapes (qui met l’accent sur les qualités testées contre les allergies et sans parfum) est associé à une campagne publicitaire tout aussi rebelle, avec des images désormais emblématiques du légendaire photographe Irving Penn. Dans une publicité, une brosse à dents blanche est posée dans un verre, en face d'un trio de produits Clinique – un pour le nettoyage, un pour l'exfoliation et un pour l'hydratation, bien sûr – avec un slogan simple : « Deux fois par jour. » Le message était explicite, audacieux et extrêmement simple : adoptez le système en 3 étapes comme vous le feriez pour vous brosser les dents deux fois par jour, et vous obtiendrez des résultats fantastiques en matière de soins de la peau. La publicité a été utilisée durant plus de deux décennies, non seulement parce qu’elle fonctionnait, mais en raison de sa simplicité épurée et intemporelle.
L’héritage
« Carol était un génie des mots », remarque M. Lauder, qui est maintenant président émérite d’Estée Lauder Companies. « C'est elle qui a créé l’émulsion hydratante tellement différente, la crème Turnaround et la crème gommante 7 jours. Ces noms nous suivent aujourd’hui au quotidien. Ils sont excellents car elle comprenait les femmes et leurs idées. C’est pourquoi Mme Estée Lauder et elle étaient de bonnes amies et partenaires. Ensemble, elles étaient le cœur et l’âme de Clinique. » L’impact de Clinique reste incontestable : « Nous avons changé le monde », déclare Leonard.
Écrit par : Laurie Brookins